Entrer dans la maison familiale Wadu, c’est un peu comme entrer dans la caverne d’Ali Baba. Des dizaines de peluches, des canapés partout, recouverts de naperons brodés, et surtout, aux murs, des peintures. De toutes les tailles, de toutes les couleurs. Dans la famille Wadu, on est artiste.
Nous restons 3 jours à la bordure de Naïvasha Town, dans ses rues de terre et de poussière où les cochons se font un festin des déchets ménagers. C’est ici que Sane et Eunice Wadu ont ouvert leur école d’art et leur centre d’art-thérapie. Le samedi, enfants et jeunes adultes viennent y peindre et y bricoler.
L’après 2007
Certaines peintures sont impressionantes de cruauté. Celles d’après 2007. Celles d’après les affrontements postélectoraux. A la suite des élections présidentielles de 2007, les habitants des bidonvilles de Naïrobi ont commencé à protester et à dénoncer des fraudes dans le dépouillement des votes. La situation s’est envenimée et les partisans du président, d’origine Kikuyu, et de son opposant, d’origine Luo, se sont entretués, causant plus de 1500 morts. Eunice nous en parle longuement, et ce n’est pas la seule au Kenya. 2007 revient souvent sur les lèvres. A Eldoret où une église fût brulée alors que 300 civils s’y réfugiaient. 35 personnes ont péri. A Kisumu, d’où est originaire l’opposant au régime et où la police a ouvert le feu sur des manifestants et où de nombreuses maisons furent incendiées. A Naïvasha, comme ailleurs, les stigmates des violences s’effacent lentement.
Les toiles perdues
Eunice nous parle aussi des toiles perdues de son mari. Suite à une exposition en 2012, 2 fameuses peintures de Sane ont disparu. Elles ont été retrouvées, à peine quelques jours avant que nous arrivions. Eunice nous montre les articles de journaux consacrés au sujet. Elle est visiblement soulagée. Il faut dire que les oeuvres sont estimées à 5 000 000 de shillings kenyans, soit 50 000 €.
Hell’s Gate
Naïvasha, c’est aussi notre première douche au seau et au bol; notre premier piki-piki (moto-taxi); nos premiers samosas; nos premiers soap-operas sur une télévision qui voit la vie en rose. Sur les chaînes kenyanes, à longueur de journée se succèdent des séries Z sud-américaines ou philippines, comme Corazon Indomable, l’histoire tragique de Maricruz et d’Octavio. Chaque soir, lorsque les coupures d’électricité nous le permettent, nous nous prenons au jeu avec la famille Wadu ou, à Heshima, avec la famille de John.
Naïvasha, c’est aussi notre premier safari, à Hell’s Gate, nos premières gazelles, nos premiers zèbres, nos premiers damans du roc (une sorte de rongeur apparenté à l’éléphant), nos premières girafes.
Quelques photos de Naïvasha
[nggallery id=25]
Quelques photos du Hell’s Gate National Park
[nggallery id=26]